Forum de la confrérie Les Perce Nuit sur le jeu le Seigneur des Anneaux Online |
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| Une fuite éperdue | |
| | Auteur | Message |
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Lunevent
Messages : 29 Date d'inscription : 24/02/2013 Localisation : Sur quatre chemins
| Sujet: Une fuite éperdue Mar 5 Mar - 11:38 | |
| Bonjour ici Voici l'histoire de l'un de mes personnages secondaires, je ne le sors plus souvent mais cette humaine possède néanmoins sa propre vie dont voici le début. Ma famille, par pauvreté m’a cédé au plus offrant.
Une fois devenue adulte, mon maître voulait me faire courtisane, sans doute pour me punir de n’avoir jamais su lui donner mon âme…Une nuit après s'être repus de mon corps, après avoir corrompu ma chair une dernière fois, il s’endormit, poisseux, immonde.... J'approchai doucement mes lèvres de son oreille pour lui susurrer : « Ô cher maître, toi qui a reçu en legs de tes aïeux cette serpe prise à un coupeur de gui de mon pays, toi qui m'as reçu de par ma mère bafouée, vois une dernière fois comme je suis belle, ce soir je reprends ma vie... »
Il ouvrit des yeux ronds, commença à vouloir parler, mais jamais le son ne franchit ses lèvres que j'avais patiemment appris à détester, je fis glisser la lame le long de sa gorge pour en faire jaillir le carmin de son sang. Pour la première fois il me donna du plaisir, pour la dernière fois il posa les yeux sur moi.
Couverte de sang, je pris le temps de me plonger dans l'eau de son bain pour m'y rincer. D'expérience je savais que personne ne viendrait avant le petit matin. Je savourais tranquillement ce moment et pris le temps de m'habiller. Il eut été dommage de se faire prendre dans les couloirs de la maison échevelée et couverte de sang.
Bien avant l'aube je pris le chemin de la terre de mes ancêtres, je dû me cacher… souvent… tout le temps… Dès qu'une silhouette apparaissait à l'horizon, attendre le moment pour frapper, sans haine, juste munie du besoin impérieux de me nourrir. Ces jours d'errance sont encore aujourd’hui des souvenirs d'une clarté insoutenable, le pain taché de sang au goût acre dans la bouche, l'eau chauffée par le soleil brûlant ma gorge desséchée.
Après des jours et des jours, j'arrivais enfin aux portes de mon pays, enfin mon pays, toi que je n'ai jamais connu, je vais courir sur tes vertes terres et y faire expier nos ennemis...Durant des mois, je parcourrais les collines balayées par les vents sans but, la haine vissée au ventre. Le meurtre de mon maître ne m’avait soulagé qu'un temps. Je haïssais l'humanité ! Je haïssais cette population que je croisais dans les cités que je traversais, ces femmes insouciantes qui déambulaient tenant par la main leurs enfants. J'évitai comme la peste les tavernes bondées. Tous ces hommes qui buvaient, cherchant dans l'ivresse le courage, l'oubli et que sais-je encore, me donnaient la nausée. Je finis par ne plus me rendre dans les villes. J'errais, passant d'une région à une autre, tuant pour me nourrir… tuant pour le plaisir.La vengeance me fut accordée mais à quoi bon. Mon âme n'était pas apaisée, il me poursuivait jusque dans mes rêves. Je ne connaissais pas le repos. Pourtant je ne regrettais rien, il me suffisait de repenser à son souffle brûlant sur ma nuque, quand la nuit tombée, il venait rejoindre ma couche. Il n'a eu que ce qu'il méritait. Je peux encore sentir ce frisson d'excitation quand son sang a jaillit sous le baiser de ma lame. Depuis quelques jours, je me sentais observée. D'abord une sensation ténue à laquelle je n'avais pas prêté attention, je me méfiais de tout, cette sensation était sûrement crée par mon esprit malade. Mais les jours passaient et cette sensation ne décrue pas, au contraire, je ressentais très distinctement une présence. Amis ? Je n’en avais pas. Ennemis ? Ceux que je m’étais fait étaient morts sous mes coups acharnés. J'observais... je cherchais... je tentais des feintes en me cachant rapidement pour voir qui pouvait me suivre. Rien. Je perdais patience, je hurlais des imprécations espérant ainsi faire réagir l'entité qui me suivait. Rien. Perdais-je la raison ?Je ne pouvais plus supporter cette sensation, j’étais persuadée que l'âme de mon maître me poursuivait pour reprendre la liberté que je m’étais offerte au prix de sa vie. Je fuyais droit devant moi, laissais échapper mon sac sur le sol. Je ne pris pas le temps de le ramasser, je poursuivais ma course éperdue. Ma gorge était en feu, je n'avais pas mangé ni dormit depuis plusieurs jours. Mes vêtements étaient en lambeaux, déchirés par les ronces et la végétation que je traversais sans y prêter attention. Je tombais, me relevais aussitôt, je savais pourtant que cette course allait devoir prendre fin, mais tant qu'il me restait un soupçon d'énergie, je ne m'arrêtais pas. Je ne savais pas où j’étais, je ne savais pas où j’allais. La région semblait déserte, les arbres se dressaient sur mon chemin, le soleil me brulait la rétine, j'avais terriblement soif. Mais toujours je sentais cette présence grandissante et étouffante autour de moi. Mais où se cachait-elle ?! J'aperçu un peu plus loin, les ruines d’une ancienne forteresse. Je rassemblais mes dernières forces pour m'y rendre, espérant, à défaut de trouver le repos, pouvoir me reposer un instant à l'ombre et peut-être trouver de l'eau.
Terrible erreur ! Ces jours d'errances sans sommeil avaient émoussés mon attention. Je franchis sans aucune précaution le seuil de la gigantesque porte, pénétrais dans une longue salle et me jetais sur le sol, épuisée.Un ricanement retenti derrière moi. Je me retournais aussi vite que possible et me trouvais face à un groupe composé de quelques hommes, sans aucun doute des pilleurs de tombe. Je ne pouvais pas fuir, j’étais cernée.Il me restait juste ma haine et ma lame que je serrais de toutes mes forces. Je trouvais le courage de me redresser une dernière fois sans trembler. Le ricanement cessa. Je pus voir une lueur d'incrédulité dans le regard de l'homme que j'atteignis en premier. J’eus le temps de lui enfoncer ma lame en plein cœur avant qu'il ne réagisse. Je sentis une main me saisir par les cheveux. Je sentis la froideur de l'acier ricocher sur mes côtes puis mon sang se répandre sur le sol en une flaque poisseuse. Je me sentis chuter sur le sol et puis plus rien... Le néant... Le repos… Enfin…
Dernière édition par Lunevent le Ven 8 Mar - 6:55, édité 2 fois | |
| | | Lunevent
Messages : 29 Date d'inscription : 24/02/2013 Localisation : Sur quatre chemins
| Sujet: Re: Une fuite éperdue Mer 6 Mar - 10:30 | |
| Cauchemar
La douleur. Je me souviens de la douleur parcourant mon visage et mon corps alors que je m’éveillais. J’ouvris les yeux mais une lueur vive me força à les refermer aussitôt. Des sons étranges parvenaient à mes oreilles. J’essayais de me concentrer malgré les vagues de souffrance qui me traversaient de part en part et distinguais effectivement de faibles plaintes. Je pris soudain conscience que ces gémissements provenaient de ma propre gorge avant de sombrer aussitôt dans un lourd sommeil peuplé de rêves étranges.
Je courrais. Je courrais dans une forêt dense peuplée d’arbres aux troncs difformes formant des figures torturées qui suivaient ma course en grimaçant, cherchant à m’agripper de leurs branches allongées et crochues. Devant moi, des racines surgissaient du sol se mettant en travers de ma route afin de me faire trébucher. Je parvins à les éviter, la terreur me guidant tel un phare me montrant le chemin à travers les écueils.
Je surgissais enfin de la terrifiante forêt pour déboucher devant un lac immense à la couleur sanglante qui stoppa net ma progression. Une aura lugubre se dégageait de ce lieu. Je tombais à genou dans la boue collante du rivage tandis qu’un corbeau me survolait coassant sa sinistre chanson avant de se transformer, tel un métamorphe grotesque, en un gigantesque ours au pelage d’une blancheur immaculé.
Je levais les yeux vers le ciel comme pour chercher une aide divine ou peut être une rédemption et il me sembla que je hurlais alors que je vis, surgissant des cieux, une main titanesque s’approcher de mon visage semblant vouloir me broyer entre ses doigts ensanglantés.
Je m’éveillais dans un sursaut terrifié pour me retrouver nez à nez avec un corbeau immobile et silencieux posé sur ma poitrine me fixant tranquillement. Je restais pétrifiée, les yeux perdus dans le regard noir du corbeau, une sueur glacée inondant mes tempes et mon dos. | |
| | | Lunevent
Messages : 29 Date d'inscription : 24/02/2013 Localisation : Sur quatre chemins
| Sujet: Re: Une fuite éperdue Mer 6 Mar - 13:18 | |
| Plantigrade
Après un court instant qui me sembla une éternité, le volatile s’envola dans un froissement d’aile et sortit par une porte entrouverte située juste en face de moi.
Je repris mes esprits petits à petit et réalisais que je me trouvais dans une petite chambre aux murs de bois brut distillant une subtile odeur de sève et sans aucune décoration. Aucun meuble hormis le lit que j’occupais et un tabouret, le tout taillé dans le même bois brut que les murs. Une couverture rêche mais d’une propreté indéniable me couvrait à demi et je constatais que j’étais vêtue d’une longue tunique de laine bleue toute simple mais toute aussi propre.
Une fenêtre à ma gauche laissait entrer la lumière du jour que n’entravait aucun rideau, je pouvais distinguer des arbres au dehors et entendre la mélodie du vent dans les branches ainsi que le gazouillis joyeux des oiseaux. Manifestement, je n’étais pas en ville et curieusement cela me rassura un peu.
Machinalement, je portais la main vers mon visage d’où pulsait une douleur sourde et y rencontrais ce qui me semblait être un pansement. Je ne cherchais pas à l’enlever et tentais de me redresser. Une douleur fulgurante émanant de mon bassin me fit grimacer et retomber pantelante sur le lit, le souffle coupé.
Avant que j’ai le temps de reprendre mon souffle, j’entendis un mouvement au pied du lit comme une grosse masse essayant de se déplacer. Un souffle puissant ainsi qu’un grognement sourd retenti dans la chambre. Je tournais la tête tout doucement vers l’origine de ce bruit qui ne présageait rien de bon et vis, trop saisie de surprise pour émettre un son, un ours tout blanc se lever puis s’asseoir sur le sol à côté du lit. Il pencha la tête d’un air vaguement intrigué en me regardant, sa gueule béante me soufflait son haleine chaude et légèrement nauséabonde en plein visage laissant apparaître ses crocs luisant de bave. Etrangement, j’eus l’impression qu’il me souriait et je n’eus soudainement plus peur. | |
| | | Lunevent
Messages : 29 Date d'inscription : 24/02/2013 Localisation : Sur quatre chemins
| Sujet: Re: Une fuite éperdue Ven 8 Mar - 6:47 | |
| La voix du silence
J’ouvrais les yeux à nouveau. Une paisible pénombre régnait dans la chambre signe que la nuit était tombée, seule une bougie accrochée sur un mur dispensait une lumière tremblotante. L’ours souriant n’était plus là mais à sa place assis sur le tabouret, je pouvais distinguer un homme vêtu d’une longue robe d’un vert sombre. Il me regardait sans bouger ne serait-ce qu’un cil.
Nous nous observâmes de longues minutes en silence. De longs cheveux en bataille bruns parsemés de gris retombaient sur ses épaules et venaient manger une partie de son visage bronzé et sillonné de rides. Le plus marquant était ses yeux d’un gris sombre rappelant la couleur des nuages les jours d’orage avant que le ciel ne se déchaine. Sur son épaule le corbeau, silencieux lui aussi, lissait son plumage s’interrompant de temps à autre pour bécoter le cou de celui qui était visiblement son maître.
Je m’agitais mal à l’aise face au regard de cet homme qui semblait me transpercer et lire mes pensées comme dans un livre ouvert. Il finit par se lever, faisant fuir son compagnon à plume, et s’approcha doucement de moi. Je ne pus retenir un profond frisson de dégoût devant cet homme si proche de moi, la dernière personne m’ayant approchée de cette façon étant mon défunt maître.
Un terrible sentiment de panique s’empara de tout mon être. J’étais clouée dans ce lit trop faible pour me défendre, à la merci de cet homme qui certes m’avait sauvé et soigné mais dont je ne connaissais rien. Il dû le sentir car il leva une main en signe d’apaisement puis me désigna le pansement qui me couvrait une partie du visage. J’essayais de me calmer et de me détendre… En vain. Je fermais les yeux pour tenter de me contrôler.
Je percevais, alors qu’il se penchait sur moi, une odeur de musc, d’humus et de bois humide. Avec des gestes d’une douceur infinie, il détacha le pansement qui couvrait une partie de mon visage, appliqua sur la plaie un onguent épais à l’odeur d’argile et posa dessus un pansement propre. Quand il eut terminé, il s’assit de nouveau sur le tabouret, attendis que je me calme et me fit signe de pratiquer la même opération sur la blessure de mon bassin. Puis il sortit de la pièce laissant entrer l’ours immaculé qui s’assit lourdement en bousculant le tabouret et se mit à me regarder, la tête penchée, la gueule ouverte dévoilant son sourire carnassier. | |
| | | Lunevent
Messages : 29 Date d'inscription : 24/02/2013 Localisation : Sur quatre chemins
| Sujet: Re: Une fuite éperdue Lun 11 Mar - 9:02 | |
| Convalescence
Ainsi passèrent les jours, l’homme silencieux, accompagné de son inséparable corbeau, venait me dispenser ses soins et me nourrir sans que jamais aucun mot ne fut échangé. Le sentiment de panique que je ressentais dès qu’il s’approchait trop près de moi finit par décroitre petit à petit et il n’en subsista qu’un vague sentiment de malaise.
Le reste du temps l’ours venait me veiller tel un garde malade poilu et incongru. Soit il s’asseyait et me regardait avec une attitude terriblement humaine, soit il se couchait au pied du lit et se plongeait dans un sommeil, poussant parfois de petits grognements. Je me demandais alors quels pouvaient bien être les rêves d’un ours. Je finis par oser le toucher, passant ma main tout doucement sur son crâne poilu, cela ne parut pas le déranger puisqu’il avança la tête de façon à ce que je puisse lui caresser l’arrière des oreilles.
Je passais le plus clair de mon temps à dormir, épuisée par la cicatrisation de mes blessures, mais enfin un matin, je pus me lever. Avec précaution m’appuyant sur mon compagnon à quatre pattes, je fis quelques pas jusqu’à la fenêtre et découvris ravie que la demeure était située dans une petite clairière fleurie bordée de grands arbres touffus.
Je progressais chaque jour, poussant chaque fois ma visite un peu plus loin : la pièce principale de la petite maison de bois, puis le seuil de la porte et enfin l’extérieur où je passais de longues heures allongée dans l’herbe à observer la course des nuages. Je pus bientôt ôter définitivement les pansements et allait contempler mon visage dans le reflet de l’eau de la rivière située à l’orée de la forêt, une large cicatrice rosâtre et boursoufflée me barrait un coté du visage. Cela m’importais peu, au moins je n’attirerais plus sur moi la convoitise et la concupiscence de mes semblables… | |
| | | Lunevent
Messages : 29 Date d'inscription : 24/02/2013 Localisation : Sur quatre chemins
| Sujet: Re: Une fuite éperdue Lun 11 Mar - 9:04 | |
| Liberté
J’étais libre… Libre pour la toute première fois de mon existence mais cette pensée loin de me rassurer me plongea dans un profond désarroi. Qu’allais-je pouvoir faire maintenant ? Où irais-je ?
Je ne pouvais pas rester dans ce lieu jusqu’à la fin de mes jours. Je n’avais aucun but et je ne souhaitais en aucun cas retrouver ma famille qui contre un peu d’or n’avait pas hésité à me vendre comme un vulgaire objet.
Toute à mes sombres pensées, je n’avais pas entendu mon sauveur silencieux s’approcher. Il se tenait visiblement depuis un certain temps derrière moi à une distance respectable, son ours sagement assis à ses côté. Il tenait dans ses bras une petite boule de poil blanc qu’il me tendit en esquissant un léger sourire. La boule se mit à s’agiter dans mes bras et une petite langue rose vient me lécher le menton, je restais saisie de surprise, à la fois incrédule et émue. Je compris alors que je ne serais plus jamais seule, je levais les yeux vers mon compagnon silencieux en espérant qu’il puisse lire dans mon regard mon émotion et mon infinie gratitude. Il haussa les épaules en souriant et me tendis un grimoire épais en cuir sans titre, une carte et une lettre.
Je confiais mon petit ours à son ainé qui entreprit de lui faire sa toilette à grand renfort de coup de langue et pris connaissance de la lettre. Il s’agissait d’une lettre de recommandation à l’attention d’un certain Radagast le brun, elle disait que j’avais en moi toutes les compétences requise pour l’aider dans la tâche qu’il s’était fixé… à l’écart des hommes. La carte permettait de se rendre à Ost Guruth où vraisemblablement je pourrais trouver Radagast et le grimoire contenait une foule d’information sur les mœurs animalières…
Je partais le lendemain aux premières lueurs du soleil, un solide sac à dos contenait mes quelques affaires et le petit ours se dandinait joyeusement à côté de moi. Mon muet ami, m’accompagna jusqu’à la lisière de la grande forêt sur laquelle il veillait. Nous ne nous attardâmes pas en déchirants adieux, puisque nous n’avions jamais échangé un mot. Je luttais contre ma répulsion maladive pour les contacts humains et le serrais brièvement dans mes bras.
Je ne l’ai jamais revu mais je n’oublierais jamais cette image de lui, immobile et silencieux, à l’orée du bois, me regardant avec une infinie bonté alors que je partais à la découverte de ma nouvelle vie, libre enfin de mener ma propre existence.
Fin
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| Sujet: Re: Une fuite éperdue | |
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